- Mar 23, 2024
La symptothermie, une contraception ?
- Jeanne Puljer
- Contraception - Conception naturelle
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La symptothermie, bien que souvent perçue comme une méthode héritée de nos grands-mères, est en réalité le fruit d'une évolution constante, façonnée par des décennies de recherches médicales approfondies.
Mais que se cache-t-il derrière ce mot, il est vrai, un peu barbare ?
Je vous propose de passer ensemble au-delà des idées reçues, et d’aborder avec l'œil de l’enfant qui découvre cette méthode encore trop peu connue des femmes.
Un brin d'histoire autour de la symptothermie
L'idée qu'il existe des jours fertiles et infertiles dans le cycle menstruel de la femme remonte à des temps anciens.
Cependant, ce n'est qu'au XXème siècle que ces notions ont pris un caractère scientifique plus approfondi, touchant ainsi des couches de la population plus vastes.
Cette évolution trouve ses racines dans les travaux pionniers de chercheurs tels que le gynécologue néerlandais Theodoor van de Velde au début des années 1900.
Dès 1904, Van de Velde établit un lien entre la hausse de la température basale et l'ovulation, posant ainsi les bases de la compréhension moderne des cycles féminins.
Toutefois, à cette époque, ces découvertes étaient plutôt considérées comme des connaissances scientifiques générales, sans application pratique immédiate.
C'est dans les années 1920 et 1930 que des avancées significatives ont été réalisées. L'Autrichien Hermann Knaus et le Japonais Kyusaku Ogino ont indépendamment confirmé que l'ovulation se produisait 12 à 16 jours avant les règles suivantes.
Ces découvertes ont jeté les bases d'une approche plus précise de la planification familiale, mais les premières méthodes se sont avérées peu fiables dans la pratique.
Le prêtre allemand Wilhelm Hillebrand, dans les années 1930, a introduit la première méthode basée sur la température. Cependant, elle nécessitait parfois des périodes d'abstinence prolongées, rendant son application difficile.
Pendant ce temps, le neurologue australien John Billings a développé la méthode de l'ovulation dans les années 1950, basée sur l'observation de la glaire cervicale, mais elle a été jugée insuffisamment fiable.
En 1965, le médecin autrichien Josef Rötzer a publié la méthode sympto-thermique, qui combine l'observation de la température basale et de la glaire cervicale.
Cette approche a évolué au fil des décennies, et depuis 1984 en Allemagne, elle est considérée comme une alternative fiable aux contraceptifs conventionnels, tels que la pilule et le stérilet.
La méthodologie a été affinée grâce à l'Arbeitsgruppe NFP, et le projet soutenu par le ministère fédéral allemand de la Famille entre 1984 et 1991 a renforcé ses fondements.
La méthode sympto-thermique, ou symptothermie, est soutenue par la rigueur scientifique de spécialistes tels que le Dr. Siegfried Baur, le Prof. Gerhard Döring, le Prof. Xaver Fiederle, le Prof. dr. Günter Freundl, et le Prof. dr. Kurt Hahlweg.
Les auteurs de cette méthodologie, notamment les docteurs Petra Frank, Elisabeth Raith-Paula, Jutta Sadlik et Ursula Sottong, ainsi que les pédagogues Astrid Both, Brigitte Hrabé-Lorenz, Günter Lorenz et le psychologue Notker Klann, ont contribué à élever la symptothermie à une méthode contraceptive moderne, respectueuse du corps et soutenue par une solide base scientifique.
La symptothermie
La symptothermie, définie comme une Méthode d'Observation du Cycle (MOC) ou encore comme une méthode de Planification Familiale Naturelle (PFN) repose sur le double contrôle, intégrant l'observation simultanée d’indicateurs de fertilité tels que la température basale, la glaire cervicale et/ou le col de l'utérus.
Cette approche offre une compréhension détaillée des différentes phases du cycle menstruel, permettant ainsi une gestion éclairée de la fertilité féminine.
Pourquoi pratiquer la symptothermie ? Voici les trois principales motivations :
Une contraception naturelle et fiable : une fois les périodes fertiles et infertiles bien définies, il ne reste qu’à choisir comment gérer la phase de fertilité. Plusieurs sont possibles tels que l'utilisation de préservatifs, de diaphragmes, l'abstinence temporaire ou des pratiques sexuelles non pénétratives.
Une aide à la conception : encore mieux qu’un test d’ovulation !, vous saurez avec précision quels sont les jours où vous avez le plus de chances de concevoir.
Connaissance de soi : Au-delà de la gestion de la fertilité, la symptothermie se présente comme un outil de développement personnel, permettant à chacune de mieux comprendre leur cycle menstruel et d’observer l’impact de celui-ci dans leur quotidien. Cela favorise une connexion profonde avec leur énergie féminine.
Une méthode naturelle et fiable
La fiabilité de la symptothermie repose sur le double contrôle, dont l'Indice de Pearl constitue une mesure essentielle.
L'indice de Pearl est une mesure utilisée pour évaluer l'efficacité d'une méthode contraceptive.
Il est défini comme le nombre de grossesses pour 100 femmes utilisant une méthode contraceptive donnée pendant une année.
Plus l'indice de Pearl est bas, plus la méthode est considérée comme efficace. Cet indice est donc utilisé pour comparer la fiabilité relative des différentes méthodes contraceptives.
On note deux indices différents pour chaque méthode contraceptive :
Indices typiques : ils tiennent compte d'une utilisation parfaite de la méthode, mettant de côté les potentielles erreurs d’utilisation. Cela nous offre une perspective sur la fiabilité maximale.
Indices réels : ils reflètent l'utilisation de la méthode au quotidien. Ici, sont prises en comptent les erreurs de parcours. Pour prendre un exemple parlant, sur la pilule, on va tenir compte des oublis, des vomissements post-prise, …
Concernant le symptothermie, l’OMS indique un indice typique de 0.4% et un indice réel de 2%. Ceux-ci démontrent son niveau de fiabilité.
Pour comparaison, la pilule a un indice typique de 0.3% et un indice réel de 8%.
Ces statistiques reposent sur des données collectées auprès de femmes ayant suivi une formation dispensée par des professionnelles compétentes en symptothermie, telles que formatrices, monitrices ou conseillères.
La qualité de l'enseignement joue un rôle crucial dans la compréhension et la mise en pratique efficace de la symptothermie.
Je rappelle et souligne que, malgré des indices de fiabilité élevés, aucune méthode contraceptive n'offre une garantie absolue à 100%.
Les mystères de la Vie renferment encore quelques secrets !
Pratiquer la symptothermie
La décision de pratiquer la symptothermie s'accompagne de plusieurs choix significatifs.
Le premier réside dans la méthode d'apprentissage : opter pour une formation dispensée par une professionnelle ou s'aventurer seule dans cette démarche.
Démarrer la symptothermie fait souvent partie d’un ensemble de modifications dans la façon de penser et d’être.
C’est une manière de reprendre sa souveraineté.
En ce sens, beaucoup de femmes hésitent à aller voir une professionnelle, pour ne pas être, encore une fois, attachées à un système. Il faut également prendre en compte le budget de la formation alors qu’aujourd’hui on retrouve de nombreuses ressources gratuites sur le web et des livres des différentes écoles de formation.
Cependant avoir accès à une professionnelle, c’est une expertise à portée de main, sans les heures de recherches et de réflexions pour comprendre le vocabulaire spécifique.
C’est aussi s’assurer de la bonne compréhension et mise en application de la méthode sympto-thermique. Un point non négligeable pour un couple qui souhaite une contraception stricte.
Le second choix concerne la méthodologie : utiliser une application mobile ou le bon vieux papier/crayon ?
L’application, c’est facile ! Le téléphone vit maintenant quasiment toujours avec son/sa propriétaire, il est donc à portée de main en permanence pour prendre des notes.
Et si l’application est bien choisie (application basée sur la symptothermie et non sur des méthodes prédictives), elle dit si la femme est dans une phase fertile ou non.
Le problème dans tout ça, c’est l’autonomie.
S’il y avait une recherche de souveraineté, on y est plus du tout !
Cela rend dépendant de l’outil. Le papier quant à lui permet d’apprendre les règles de la symptothermie mais également de personnaliser ses graphiques suivant les besoins et d’avoir une vision globale des cycles et de leur évolution.
Troisième point important, le choix du thermomètre : l'utilisation d'un thermomètre précis à deux décimales est une composante essentielle de la symptothermie.
Cet outil permet une mesure fine de la température basale, garantissant ainsi une précision maximale dans l'observation des variations liées au cycle menstruel.
Pour terminer sur la pratique de la symptothermie, j’ai envie de dire que c’est un chemin.
Tout d’abord car ce n'est pas une pilule à avaler pour des résultats immédiats.
Un temps d'apprentissage de minimum trois mois est nécessaire pour pratiquer seule.
Avec, suivant les cas : post-pilule, post-partum, cycles très irréguliers, … et l’assurance des femmes, la possibilité que la formation s'étende.
Ensuite, bien que le chemin puisse sembler exigeant au départ, il offre une compréhension approfondie du fonctionnement féminin au-delà d’une simple gestion de la fertilité.
À long terme, la symptothermie devient non seulement une méthode, mais aussi une source de connaissance de soi et de joie dans la compréhension de son propre corps.
Une contraception de couple
La contraception, dans de nombreuses relations, est associée à une charge mentale disproportionnée pour les femmes.
La gestion des méthodes contraceptives, des rendez-vous médicaux liés, et des effets secondaires potentiels peut représenter un fardeau mental significatif.
Et c’est sans parler de la prise en charge d’une grossesse non désirée.
Le partage de cette charge mentale au sein du couple offre un équilibre plus équitable, encourageant la compréhension mutuelle des implications et des choix à effectuer.
La méthode sympto-thermique permet cela.
Tout d’abord dans la décision de, comment prendre en charge la période fertile. La décision est prise à deux et peut être réévaluée tous les mois.
Mais le partenaire peut aussi être au moment des observations des indicateurs de fertilité et au moment de l’interprétation.
Personnellement, dans mes suivis en symptothermie, je reçois de plus en plus de couples, où le conjoint prend part à la discussion, pose ses questions, donne son avis et s’implique !
Mais d’où vient cette motivation masculine ?
Les hommes sont souvent relégués au rôle de spectateurs impuissants face aux aspects contraceptifs, laissant les femmes assumer le fardeau des méthodes hormonales ou autres.
Cependant, une évolution significative se manifeste aujourd'hui, avec la conscientisation des effets indésirables des contraceptifs hormonaux sur la santé de leurs compagnes.
De nombreux hommes se positionnent alors comme des partenaires actifs dans le choix contraceptif.
Cette implication accrue des hommes renforce la dynamique du couple en favorisant une collaboration mutuelle.
Moi c'est Jeanne, curieuse, passionnée et amoureuse des nouveaux défis !
Quand j'ai découvert le potentiel inexploité du cycle féminin et son impact sur la vie des femmes, l'injustice m'a frappée. Pourquoi personne ne m'a rien dit ?
Ma mission aujourd'hui : transmettre au maximum ces connaissances, afin que demain, chaque femme puisse s'épanouir en utilisant toutes ses capacités.